Au détour d’une place ou à l’ombre d’une tente, un cercle se forme. Les enfants s’installent devant, les anciens en retrait, les passants s’arrêtent, curieux. Au centre, un homme seul, sans décor ni micro, capte toute l’attention. C’est le hlayqi, le maître du mot. La Halqa, forme ancestrale de théâtre populaire, transforme l’espace public en scène vivante. Récits historiques, contes fantastiques, critiques sociales ou chants satiriques : ici, tout passe par la parole.
Le secret de la Halqa ne réside pas seulement dans l’histoire, mais dans la manière de la raconter. Voix qui grimpe et descend, gestes larges, pauses dramatiques, regards complices : chaque instant est millimétré. L’artiste improvise avec son public, joue avec ses réactions, rebondit sur un mot ou un rire. C’est un art de l’oralité pure, où la mémoire et la spontanéité sont les seuls instruments. À travers la Halqa, c’est toute une manière d’observer le monde qui se transmet.
Au Moussem Moulay Abdellah, la Halqa n’est pas un simple divertissement, c’est un outil de transmission populaire. Les histoires racontées portent des leçons de vie, des repères culturels, des valeurs de justice ou de solidarité. En faisant rire ou réfléchir, elles contribuent à garder vivantes des générations entières de récits et d’identités. Le cercle reste ouvert… pour que la mémoire continue de tourner.